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DOSSIER : Les réseaux sociaux (Part. III)

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L’information manipulée

Les réseaux sociaux sont devenus incontournables aujourd’hui que ça soit dans un cadre professionnel comme à titre personnel, et pourtant, alors que des millions de gens les utilisent au quotidien, les individus sont loin d’en connaître tous les rouages. Saviez-vous par exemple que seul 20% du fil d’actualité apparait lorsque vous allez sur Facebook ? Que certaines informations ressortent plus souvent que d’autres ? Que le résultat de vos recherches sur Google est le fruit de savants algorithmes ? Et toutes ces données que vous laissez tous les jours, que deviennent-elles ? Les réseaux sociaux anonymes ne laissent-ils vraiment aucune trace ? Dans la 3ème partie de ce dossier consacré aux réseaux sociaux, Street N’Sports continue d’explorer les coulisses des réseaux sociaux et va aider ses lecteurs à y voir plus clair.

Facebook et Twitter, du contenu filtré grâce aux algorithmes



Saviez-vous que le contenu visible du fil d’actualité de Facebook est de seulement 20 % ? Lorsque vous vous connectez à votre compte Facebook seule une partie des messages apparait dans votre fil d’actualité.  Derrière ce mécanisme se cache des algorithmes très puissants qui toutes les semaines sont étudiés par l’homme fort de Facebook Greg Marra et lui permettent d’ajuster les éléments qui apparaitront ou non dans les fils d’actualité.  Mais pourquoi cacher une partie des messages ? La raison est simple avec la multiplication des contacts il ne serait plus possible aujourd’hui d’afficher l’intégralité des messages de votre entourage surtout si vous avez plusieurs milliers d’amis.  Posts, statuts, photos, vidéos, etc. rien n’est omis par la machine Facebook. Cette étude poussée de tout ce qui passe par vos profils et pages permet à Facebook de savoir ce qui vous plait ou ne vous plait pas, avec qui vous avez le plus d’interaction, etc.

Mais Facebook n’est pas le seul à utiliser des algorithmes. Si le fil d’actualité de Twitter semble moins sujet à filtre, le réseau de micro blogging fait bien appel aussi à des algorithmes et pour en avoir le cœur net, il suffit de consulter l’onglet « Découvrir ». Twitter va vous proposer alors un contenu plus personnalisé. Car l’enjeu est là. Si Twitter veut pouvoir continuer de progresser, une remise en question de sa timeline, qui peut aujourd’hui rebuter des utilisateurs novices perdus dans le flot d’informations, est nécessaire.  D’ailleurs sur la version mobile, cet onglet est en deuxième position au lieu de la 3ème comme cela est encore le cas pour la version web.

Une responsabilité éditoriale de plus en plus importante

Sauf que ce filtrage de l’information commence à poser bien des questions. Facebook et dans une moindre mesure Twitter pourraient-ils par leurs algorithmes et fonctions influencer la diffusion de l’information de manière plus large ? Par exemple, cet été, l’affaire Ferguson liée à cet homme noir abattu par un policier dans la ville du même nom aux USA a largement été reprise sur Twitter.

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En revanche, c’est le Ice Bucket Challenge qui était beaucoup plus visible sur Facebook. En cause les méthodes utilisées par l’une et l’autre plateforme qui sont différentes et qui s’appuient sur le nombre de « like » pour Facebook, par exemple, et de retweet, pour Twitter.

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Or, toujours cet été, Twitter par l’intermédiaire de son président Jack Dorsey, enfonçait le clou. Celui-ci annonçait que les vidéos de la décapitation de l’américain James Foley en Syrie seraient bloquées sur sa plateforme. Cet acte volontariste et affiché donne à réflexion. A l’avenir, les réseaux sociaux pourraient-ils avoir une responsabilité éditoriale bien plus affirmée ?

Filtrage et algorithmes, le cas Google 

Bien évidemment, Facebook et Twitter ne sont pas les seuls à utiliser des algorithmes et autres techniques. L’un des plus en avance dans ce domaine est Google avec son moteur de recherche s’appuyant sur son robot d’exploration Google Bot, ses bases de données indexées et ses algorithmes de tri. C’est grâce à tous ces éléments combinés que seuls les contenus les plus pertinents sont remontés aux internautes ou bien que des sites illégaux sont cachés au premier abord.

Ces derniers sont d’ailleurs généralement éjectés suite au déploiement par Google de pénalités algorithmiques plus connues sous le nom de Penguin et Panda et qui viennent se rajouter aux algorithmes de tri déjà existants, en rajoutant une fonction de filtrage. A noter que si ce filtrage se fait sans assistance humaine, Google peut également dans certains cas intervenir manuellement. Le détenteur du site est alors prévenu via un message GWT et peut, dans ce cas de figure uniquement, contester la décision de Google.

Dans le cas plus précis de Google+, celui-ci passe également par les algorithmes Google à l’exemple de l’algorithme de pertinence nommé Hummingbird et lancé fin 2013. Avec Hummingbird ou Colibri en Français,  Google vise directement les requêtes se basant sur plusieurs mots clefs. A terme, le but est de pouvoir faciliter les recherches en faisant en sorte que celles-ci se rapprochent du langage naturel. Par rapport à Facebook ou à Twitter, les algorithmes concernent donc l’ensemble des services Google y compris Google+.

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Quand Facebook s’attaque à nouveau à la propriété des données

Facebook s’apprête à faire un changement majeur dans sa politique de vie privée. Jusqu’à présent, les utilisateurs restaient propriétaires de leurs données même s’ils avaient donné l’accord à Facebook de pouvoir les utiliser. Or, jeudi 13 novembre, Facebook a annoncé qu’une mise à jour allait être apportée concernant cet aspect et qui rentrera en vigueur de facto que l’utilisateur soit ou non favorable.  Si cette nouvelle politique a été soumise pour avis aux internautes, ce délai est bien trop court pour que des organismes comme la CNIL aient le temps d’agir.  Facebook promet un texte beaucoup plus clair, certes, mais rien ne dit ce qu’il sera fait de toutes ces données maintenant à sa libre disposition.

Cette mesure s’étendra t’elle aussi aux autres applications phares de Facebook ?

Rien n’est moins sûr … du moins pour le moment.

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Dans le cas d’Instagram, on se souvient encore de cette affaire qui avait fait grand bruit et qui survenait après son rachat par Facebook, en 2012. Le service s’octroyait alors la possibilité de commercialiser les photos. En postant, l’utilisateur accordait à Instagram la possibilité d’utiliser ses photos, sans aucune contrepartie financière et de les distribuer dans n’importe quel format, sans accord d’exclusivité. Le seul moyen pour l’internaute était alors de poster ses photos uniquement en mode privé. Au vue du tôlé engendré, Instagram reverra ses CGU. Si la base de données pourra toujours être utilisée pour du ciblage, la politique de monétisation sera beaucoup plus claire et concernera uniquement l’aspect publicitaire. Depuis peu, la publicité a fait son apparition aux Etats-Unis avant de débarquer au Canada, au Royaume-Uni et en Australie  mais celle-ci demeure pour l’instant très encadrée.

En ce qui concerne WhatsApp, la transaction pour 22 milliards de dollars qui a eu lieu en octobre dernier, a été acceptée à la fois par les autorités américaines de la concurrence (FTC), à la condition que les données ne soient pas utilisées pour de mauvais usages, et par la commission européenne. Facebook tiendra t’il compte de ces recommandations ?

Snapchat et Whisper : l’anonymat remis en cause

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Si toutes les données peuvent être utilisées à notre insu, pourquoi ne pas passer sur des plateformes comme Snapchat et Whisper qui permettent de discuter en tout anonymat ? Ces deux applications lancées sur Smartphone ont connu un grand succès grâce au fait qu’il était possible de discuter avec n’importe qui sans être identifié, ni géolocalisé.

Or, voilà que des cas de piratages récents ont mis à mal les promesses faites par les créateurs de ces applications. Ainsi, les utilisateurs ont vu des informations très personnelles les concernant apparaitre librement sur la toile. Où est donc la faille ?

En utilisant Whisper, il est toujours possible de retrouver une personne dans un rayon de 500 mètres à partir de son adresse ip. Or, il semblerait selon le quotidien d’information britannique, The Guardian que cette fonction soit largement utilisée par la société pour pister ses utilisateurs.

Si les données concernant l’identité d’une personne ne sont pas stockées, en revanche, l’application Snapchat collecte d’autres informations comme les caractéristiques du téléphone par exemple qui peuvent permettre en recoupant les informations d’en savoir un peu plus sur son propriétaire.

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Enfin, s’il est toujours possible de stocker ses messages dits éphémères en utilisant certaines applications sans que l’émetteur ne soit prévenu, Whisper irait bien plus loin en conservant des copies des messages même lorsque les utilisateurs les ont supprimés. On est bien de l’anonymat promis.

Les réseaux sociaux peuvent être de formidables moyens de communication et améliorer la proximité entre les individus mais ils ont aussi leurs limites. Comme vu dans certains cas de figure, ils ont beau être virtuels, ils ont aussi une emprise sur le réel. A les utiliser, autant le faire à bon escient et en toute connaissance de cause. La rédaction de Street N’sports espère dans tous les cas, que  les différentes parties de ce dossier vous auront d’avantage éclairées sur ces réseaux et sur leurs mécanismes.

Lire la Part. I : Des origines à nos jours, la révolution sociale
Lire la Part. II : Facebook, entre peur et curiosité