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Interview : Dj El Dany

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STREET N’ SPORTS : Pour commencer, peux-tu te présenter ?
DJ EL DANY : Bonjour tout le monde, je suis Dj El Dany, dj et chanteur spécialisé dans la musique Latino dans sa globalité. Je suis né à Paris, mes deux parents sont chiliens mais j’ai grandi entre la France et l’île de toutes les plus belles musiques latino-américaine à mes yeux, La Isla del Encanto, Puerto Rico. La Famille du côté de ma mère y est installée depuis plus de 50 ans. Cette influence multiculturelle a profondément marqué ma façon d’être et les valeurs, les choses que je souhaite mettre en avant à travers la musique.



SNS : Pourquoi ce blaze ?
DED : Ce blaze parce qu’on me l’a donné d’une certaine manière. Mon vrai prénom est Daniel mais tout le monde m’appelle Dany depuis toujours et au Chili les gens aiment particulièrement mettre « el » (qui veut dire « le » en français) devant un prénom quand on parle de quelqu’un. J’entendais tout le temps, El Dany par ci, El Dany par-là, et c’est resté.

SNS : Depuis combien de temps es-tu dans la musique ?
DED : Je suis dans la musique vraiment depuis tout petit. Déjà par mes parents qui faisaient exploser les enceintes de la baraque avec toutes les musiques d’Amérique Latine, spécialement la salsa. Très tôt, à l’âge de 6 ans, mes parents m’ont inscrit au conservatoire où j’ai appris les bases du solfège, le chant au sein d’une chorale et la guitare classique. J’ai eu pas mal d’expériences dans mon adolescence dans différents groupes avec des potes de mon quartier en tant que guitariste et chanteur, où on mélangeait les genres, du métal, du hip hop et du ska, même si, parallèlement, je m’intéressais de plus en plus à la salsa et à son histoire. Je prenais conscience de mes origines et Puerto Rico me manquait. J’ai commencé à apprendre les percussions dans un orchestre de salsa et j’ai intégré des groupes parisiens en tant que choriste. J’ai aussi commencé à me constituer un répertoire dans cette musique puis dans les autres musiques latines comme le merengue, le reggaeton. Petit à petit, je me suis fait connaitre du milieu latino parisien. Radio Latina 99FM via son animateur vedette Roberto Burgos m’invitait de plus en plus régulièrement à présenter des chroniques sur les artistes. Ma passion pour toute cette musique m’a amené à vouloir la partager en utilisant les platines, au début, principalement dans le cadre de soirées fréquentées par la communauté latino-américaine de Paris. En 2005, je retourne un an à Puerto Rico où j’intègre un orchestre de Salsa en tant que bongocero, choriste et rappeur, une expérience magnifique qui restera l’une des plus belles aventures humaines que la musique a pu me faire vivre. 2005, c’est aussi l’année où le reggaeton a explosé au States et dans toute l’Amérique Latine. Et le vivre dans son berceau, à Puerto Rico, une île de la taille de la Corse dont est originaire 90% des artistes de ce genre, … pas besoin de te faire un dessin. J’ai pris une claque énorme sur la force de cette musique avec des concerts tous les weekends, sur la proximité des artistes, qui sont très accessibles là-bas, sur les fêtes de quartier, tous les weekends, avec les Yankees, Wisin & Yandel, Tego etc qui chantaient, etc. Quand je suis revenu sur Paris en 2006, j’ai voulu ramener toute cette ambiance, la valise pleine de perles musicales et j’ai commencé à me consacrer d’avantage au reggaeton. J’ai intégré le Barrio 68 qui est la société de production qui a fait passer le reggaeton à un autre niveau en France. Le Barrio a ramené le premier artiste de regggaeton à chanter en France, avec De la Ghetto. Puis, on a enchainé les autres artistes, Khriz & Angel, Jowell y Randy, etc. jusqu’à co-organiser le 1er Zénith de Paris avec un chanteur de reggaeton, Daddy Yankee qu’on a eu la chance d’accompagner en ouverture avec mon frère des platines, Dj Jim Enez. Toutes ces expériences, puis les suivantes (9 Zénith de Paris, au total) m’ont permis de vraiment m’ouvrir à un plus large public mais toujours dans le but de représenter la musique latino dans sa diversité en essayant de m’approcher de son essence, loin des clichés.

SNS : Tu es dans un style musical Urban/Latin, la concurrence est-elle autant présente en France que dans d’autres styles, par exemple le rap ?
DED : Non, la concurrence dans la musique latino urbaine est moins forte que dans le rap parce que c’est une musique qui touche un moins large public en France donc il y a moins d’acteurs. Mais si, elle est bien là! A titre personnel, ça me motive de voir des collègues, dj ou producteurs, ou chanteurs dans le latino progresser parce qu’il est temps que la France ait des artistes qui soient crédibles au niveau international ! Voir d’autres bons deejays, MCs ou producteurs, ça te permet de ne pas lâcher, d’essayer de t’améliorer et de te remettre en question. Toute ces choses-là, je pense, sont essentielles pour progresser.

SNS : A la fois DJ, Producteur et chanteur, tu sais tous faire ?
DED : Jajaja, non, mais bon, comme je te l’ai dit, je suis dans la musique depuis tout petit ! Je ne vais pas communiquer sur mon âge lol mais on va dire que je suis plus dans la trentaine que dans la vingtaine. Ça laisse le temps de vivre la musique sous ses différentes facettes. Je mixe tous les weekends donc c’est vrai qu’aux yeux du public, je suis plus connu en tant que dj. En ce moment, je me dédie beaucoup au chant, à la guitare,  j’apprends la prod. mais je suis toujours présent si mes potes musiciens de salsa veulent faire appel à mes restes pas encore trop rouillés en percussion lol

SNS : Tu viens de sortir ton titre « BANDIDA » en featuring avec El Calle Latina, peux-tu nous en parler ?
DED : On a commencé à faire de la musique avec El Calle Latina, en 2011. El Calle Latina est un artiste du Chili qui est en train d’exploser dans son pays, reconnu comme LA figure de la musique latino urbaine nationale. On s’est rencontré en 2011, via mon ancien booking manager de là-bas qui m’avait organisé une tournée, avec pas mal de dates. Il s’occupait aussi à l’époque de Calle Latina. On a tout de suite accroché. Le soir même de notre rencontre, on s’est enfermé en studio pour produire ensemble et enregistrer notre premier titre reggaeton « Bien Sudao », sorti en 2012. En revenant plus tard au Chili, on s’est rapidement remis en studio et je lui ai proposé le concept d’un nouveau single, Bandida. Je voulais que le titre mélange une sonorité dance hall avec de la guitare flamenca et traditionnelle du Chili. Et j’ai voulu raconter une histoire passionnelle d’un homme qui a un vrai coup de foudre pour une beauté latine mystérieuse, qui après l’avoir emmené au paradis, disparait, le laissant dans l’incompréhension et l’amour impossible. Le gros de la prod. musicale a été faite au Chili par l’équipe de Calle Latina Music, le mastering ici, à Paris. Ça, c’est pour la partie musicale. Pour le clip, l’histoire de la chanson et sa couleur musicale, ça m’a tout de suite inspiré Puerto Rico. Et j’avais vraiment envie de frapper fort pour mon retour en tant que chanteur. Un des musiciens de mon groupe de salsa dans lequel je jouais en 2005 à Puerto Rico, Rafy Rivera, a laissé tomber la musique pour entrer dans le cinéma en tant que cadreur. Il travaille sur les clips d’artistes comme Calle 13, Juanes, Daddy Yankee, Wisin & Yandel, Ricky Martin etc. Je lui ai demandé à la base s’il pouvait m’aider dans la logistique du clip mais assez rapidement j’ai vu qu’il comprenait ce que je recherchais en allant faire le clip à Puerto Rico. Je lui ai donné la direction du clip. Il m’a ramené ses meilleurs collègues qui sont habitués à clipper tous les artistes que je t’ai cité plus haut. Je tenais à plonger les gens dans mon univers passionné par cette île, par sa beauté, sa force culturelle (la rencontre amoureuse du clip avec Claudia Sampedro se déroule dans une réunion de percussionniste jouant de la bomba, une musique traditionnelle portoricaine). Ce fut aussi une fierté pour moi, résident à Paris, de partir faire ce clip en amenant el Calle Latina, 1er artiste chilien à sortir de son pays pour aller clipper la bas, d’amener aussi Claudia Sampedro, reconnue comme l’une des belles femmes latines au monde et vivant aux Etats Unis. Etant un projet 100 % indépendant, sans label musical, ni maison de disque, tout a été produit par mes soins. Il s’agit vraiment d’un projet musical où les différents acteurs ont mis beaucoup d’amour afin d’obtenir le résultat que vous pouvez découvrir maintenant.

SNS : Claudia Sampedro est l’actrice principale du clip. De mémoire, elle avait auparavant tourné sur le clip de Booba, « Scarface », ainsi que sur des clips de Pitbull, Rick Ross … Pourquoi avoir choisi de travailler avec elle ? Et comment s’est déroulé la rencontre et le tournage du clip à ses côtés ?
DED : Le choix de l’actrice principale pour le clip est tout sauf un hasard ! La « bandida » étant le point central du morceau, je recherchais une femme qui incarne la beauté latine, sensuelle, pulpeuse, mystérieuse, élégante, tout en gardant son côté naturel. J’ai fuis à 100 % sur ce projet l’image de la femme bimbo, vulgaire de service. Claudia Sampedro, qui est d’origine cubaine, incarne toutes ces qualités. La rencontre s’est très bien passée parce qu’elle était excitée à l’idée de travailler sur ce clip qui allait la mettre en lumière et dont l’approche était différente des autres vidéos dans lesquelles elle était habituée à tourner. J’ai vraiment été surpris par son humilité et sa gentillesse naturelle. J’ai été impressionné par son professionnalisme. J’ai pu m’en rendre vraiment compte pour la scène de rencontre amoureuse du clip qui met en scène une réunion de percussionniste qui joue de la bomba, genre traditionnel portoricain, où la danse est vraiment spécifique et ne s’invente pas. Je joue des percussions, et là, elle arrive tout d’un coup, sortie de nulle part, puis se met à danser devant moi et c’est le coup de foudre. Le jeu de séduction réside dans l’échange entre le percussionniste et la danseuse car dans la bomba, la particularité est que ce n’est pas le danseur qui suit le rythme mais le contraire. Le percussionniste doit suivre avec son tambour chaque geste du danseur. Le percussionniste doit donc observer et être réactif sur chaque mouvement et la danseuse, elle, doit jouer de toute sa créativité pour rendre cet échange enivrant. Ce n’était pas du tout son univers et elle était un peu effrayée du rendu que cela pouvait donner derrière la caméra vu qu’elle ne connaissait rien de la bomba. Une amie présente sur le tournage, danseuse de bomba, lui a appris les bases et au moment de tourner, après un temps d’adaptation, le metteur en scène lui a crié « Claudia ! Fait comme Shakira!!! » et là, elle s’est lâchée lol.  Ce n’était pas du tout son monde mais elle a mis 100% de bonne volonté, de joie, à essayer de faire bien et le rendu est génial. Je ne vais pas te mentir, pendant ses deux jours de présence, toute l’équipe de tournage était troublée, en particulier pendant les scènes d’amour dans la maison … Je pense que ceux qui ont vu le clip l’ont été aussi, hommes et femmes inclus!

bandida

SNS : Comment se déroule une journée de travail pour toi ?
DED : Il n’y a pas de règles ! Mes journées ne se ressemblent pas. Je dirai que je la débute avec un peu de guitare pour me mettre de bonne humeur, puis je passe du temps à actualiser mes playlists musicales pour les soirées à venir. Je n’hésite pas à m’évader avec un peu de sport pour justement revenir plus frais et travailler sur de nouveaux morceaux ! Une chose revient en tout cas, je ne passe pas une journée sans faire fructifier mon travail musical que ça soit en tant que dj, chanteur ou musicien.

SNS : Si tu devais faire ta playlist idéale, tu choisirais quels titres ?
DED : aïe !  C’est dur de répondre à ta question mais je vais essayer de te mettre un morceau par genre musical que je joue.

SNS : Que pouvons-nous te souhaiter de meilleur ?
DED : Que ma famille soit heureuse, continuer à réaliser mes rêves à travers la musique et garder la force mentale pour surpasser les épreuves que la vie me réserve.

SNS : Un dernier mot pour notre magazine ?
DED : Merci à Street N’Sports pour cette interview ! Votre magazine cartonne ! Je vous souhaite vraiment beaucoup de réussite !


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